Education et pédagogie/Métier – CSN mai 2010

Le SNPDEN déplore l’amalgame opéré par le Chef de l’Etat à l’occasion de ses récentes déclarations, entre l’absentéisme des élèves et les violences scolaires.
L’absentéisme est une réalité qui concerne, dans de nombreux établissements, des publics divers tant dans leurs formations que dans leur composition économique, sociale et culturelle.
Les personnels de direction – mobilisés au quotidien sur le contrôle de l’assiduité des élèves, le traitement et le suivi de l’absentéisme, et l’anticipation du décrochage scolaire – regrettent qu’une approche purement répressive soit préférée à une réflexion d’ordre éducatif et pédagogique associant les familles.
Il en est ainsi des mesures stigmatisantes qui ont été annoncées comme la suppression des allocations familiales, mesure surannée n’ayant jamais fait la démonstration de la moindre efficacité.
Rejoignant les positions partagées lors des « Etats généraux de la sécurité à l’école », le SNPDEN préconise notamment le développement de médiations et le renforcement des liens avec les familles.
La lutte contre la violence scolaire requiert de la même façon une approche rationnelle permettant de s’attaquer efficacement à la réalité de ce problème dans les collèges et lycées.
Le SNPDEN regrette qu’une fois encore soient préférés des effets d’annonce à la mise en œuvre d’une politique efficiente.
Le SNPDEN rappelle tout d’abord qu’aucun établissement n’est à l’abri de drame et qu’aucun dispositif de sûreté, aussi sophistiqué soit-il, ne sera en mesure d’apporter une protection totale.
Si la question de l’éducation passe par plus de présence pérenne d’adultes qualifiés mais aussi une évolution de la conception du métier d’enseignant, celle de la sûreté nécessite des traitements techniques qui auront, de toute façon, un coût : des réponses adaptées doivent être recherchées selon les besoins spécifiques que retient chaque établissement.
Les personnels de direction seront en ce domaine très attentifs à l’utilisation faite des diagnostics de sécurité, en cours d’élaboration dans tous les établissements. Partant des besoins constatés sur place, établis en coopération avec la police ou la gendarmerie, ils sont un point d’appui plus solide que la généralisation de mesures ponctuelles par nature inadaptées à la majorité de situations.
Le taux de satisfaction effectif des demandes issues des diagnostics de sécurité sera le véritable révélateur de la volonté de progresser sur ces questions. C’est pourquoi le SNPDEN publiera désormais un bilan périodique de la satisfaction des demandes des établissements en matière de sûreté.
Ni la suppression des allocations familiales, ni l’installation d’un bureau destiné au policier référent n’apporteront sans doute de véritables solutions à des problèmes complexes dont les causes sont multiples et qui demandent sur le terrain la mobilisation de tous.

Vote du CSN : Unanimité moins 5 abstentions


Education et pédagogie – CSN novembre 2005

Depuis plusieurs années le problème de l’absentéisme scolaire est soulevé et toutes les études montrent que le phénomène s’amplifie. Le terme même d’«absentéisme » apparaît dans le supplément du Robert dans les années 70 et supplante définitivement, y compris dans nos imaginaires l’«école buissonnière ». L’augmentation du nombre de lycéens a profondément changé la physionomie de nos établissements et de nouveaux comportements sont apparus chez nos élèves. Mais les conduites absentéistes apparaissent avant les années lycée. Le SNPDEN tire le signal d’alarme depuis plusieurs années.
Un rapport de l’IGEN sur l’absentéisme des lycéens publié en 1998 fait le point à partir d’analyses et de questionnaires conduits principalement de 1993 à 1996. Des analyses ponctuelles sont publiées depuis mais il n’existe aucun document national de référence et les données restent imprécises. Si les collèges n’ont pas encore fait l’objet d’une étude globale, nous sommes fondés à penser que l’absentéisme tend à y prendre des proportions tout aussi inquiétantes.
Toutefois on peut faire certains constats.
Qu’est ce que l’absentéisme ?
« Manque d’assiduité à un travail exigeant la présence en un lieu ; comportement de celui qui est souvent absent » (le Robert).
L’inspection générale a retenu 2 critères pour préciser le sens du terme : la notion d’absentéisme renvoie à des absences volontaires et répétitives. Mais l’IGEN reconnaît que cette notion reste imprécise et son appréciation subjective.
Il s’agit d’un manquement à l’obligation scolaire inscrite dans la loi depuis 1882 , obligation portée à 16 ans depuis 1959 (article 131-1 du code de l’éducation). Il s’agit également d’un manquement à l’obligation d’assiduité (loi d’orientation de juillet 1989, article 131-8 du code de l’éducation, règlement intérieur des établissements).
Il existe de nombreuses formes d’absentéisme et les différentes analyses dressent une typologie assez proche de la réalité que nous constatons dans les EPLE : absentéisme par défaut de motivation, absentéisme de confort ( le jour des vacances ou quand on a 1 heure de cours dans la demi-journée…), absentéisme stratégique (choix des cours « utiles », évitement des contrôles), absentéisme pour raisons économiques (petits boulots), absentéisme contraint (exclusion), vrai-faux absentéisme (les présents-absents dans le cours ou les absents présents, absents au cours, présents dans l’établissement).
Le chef d’établissement est interpellé à 2 niveaux par le phénomène :
• Risque d’échec scolaire pour l’élève avec influence néfaste sur toute une classe
• Mise en cause de sa responsabilité, particulièrement lorsque l’élève est mineur.
Le phénomène s’amplifie et apparaît de plus en plus préoccupant.
Quelques données chiffrées :
Entre 1980 et 2000 on serait passé de 9 à 21 % d’absentéisme chez les garçons et de 6 à 13 % chez les filles dans la population des 11-18 ans, ce qui correspond à un élève sur 8 dans cette tranche d’âge. (source : dossier de presse du groupe de travail relatif aux manquements à l’obligation scolaire, octobre 2002 ; rappelons que le SNPDEN n’a pas été invité à participer au groupe de travail).
Des caractéristiques peuvent être dégagées
L’absentéisme touche plus souvent les garçons que les filles (rapport IGEN, Rapport INSERM, document ci-dessus)
L’absentéisme est plus fréquent en lycée professionnel qu’en LEGT, plus fréquent dans les sections technologiques tertiaires que dans les sections technologiques industrielles. Dans les sections professionnelles les élèves semblent plus absents dans les cours au lycée que pendant les séquences en entreprise. (rapport IGEN). Les absences dans l’enseignement professionnel apparaissent plus fréquentes dans les lycées professionnels que dans les sections professionnelles des lycées polyvalents (rapport de juin 2002 effectué dans l’académie de Versailles « l’absentéisme des élèves des sections professionnelles des lycées »).
L’absentéisme est corrélé avec un certain nombre de difficultés ou de risques
• Il est corrélé avec l’échec scolaire, sans qu’il soit toujours facile de distinguer s’il en est une cause ou une conséquence. L’absentéisme est plus important chez les élèves redoublants ou en retard scolaire.
• Il est fréquemment corrélé avec des problèmes de santé, des difficultés personnelles ou familiales. L’enquête Inserm de 1993 note chez les élèves absentéistes un plus grand pourcentage de troubles dépressifs majeurs, de passages à l’acte suicidaires, de plaintes somatiques. Ils ont été plus souvent victimes de violences physiques (16 % des filles absentéistes contre 9 % des non absentéistes, 41 % des garçons absentéistes contre 26 %)) ou de violences sexuelles (12% des filles absentéistes contre 7%, 2,5% des garçons contre 0,7%).
• Il est corrélé avec des attitudes déviantes : les élèves absentéistes sont souvent fugueurs, consommateurs de tabac, d’alcool ou de drogue. Certains sont violents. (enquête de l’Inserm). L’absentéisme est donc lié au risque de marginalisation, voire de délinquance.
Ce sont les objectifs de l’école de la république qui sont mis en cause par le phénomène de l’absentéisme. L’obligation scolaire n’est plus comprise par certains jeunes ou certaines familles qui peuvent la ressentir comme une atteinte à leur « liberté » individuelle et adoptent une attitude de consommateurs. Or
– L’obligation scolaire correspond à une volonté de protéger l’enfant et de lutter contre son entrée précoce sur le marché du travail et l’exploitation de son travail.
– Elle est liée à une volonté de rendre possible une promotion sociale par l’instruction et l’éducation
– Elle vise la socialisation des individus et la construction d’une société démocratique dont elle concourt à assurer la cohésion.
La réponse esquissée par le ministre de l’intérieur (pénalisation de l’absentéisme) ne semble pas adaptée au problème ni à ses enjeux.
Les réponses possibles pour lutter contre le phénomène
Toutes les réponses passent par un dialogue avec l’élève et avec sa famille. Il importe que ceux-ci comprennent le sens de la scolarisation que ce soit pendant la période de la scolarisation obligatoire ou plus tard. Il importe que la présence en cours prenne un sens positif.
Sur le plan administratif et réglementaire
Une réglementation existe. Il faudrait l’appliquer et la compléter :
• Avant la fin de l’obligation scolaire (avant 16 ans) : les absences injustifiées sont signalées à l’inspecteur d’académie lorsqu’elles dépassent 4 demi-journées en un mois. Celui-ci envoie une mise en garde aux familles et peut demander au procureur la suspension des allocations familiales, en application de l’ordonnance de 1959. Chaque année 9000 familles sur plus de 8 millions sont sanctionnées. (Source : dossier de presse du groupe de travail relatif aux manquements à l’obligation scolaire). A cette occasion un dispositif de médiation se met en général en place.
Le SNPDEN demande une application plus rigoureuse de la réglementation existante.
• Après 16 ans :
Les signalements que les chefs d’établissement continuent à effectuer sont trop rarement suivis d’effet. De plus les élèves et les familles reçoivent des bourses justifiées par la poursuite d’études. Là encore, il conviendrait d’appliquer les textes et de redonner un sens à la fois aux aides sociales et à la scolarité, en suspendant les bourses des élèves absentéistes.
Sur le plan pédagogique
Plusieurs mesures devraient être mises en œuvre :
• Lier le passage dans la classe supérieure et la présentation aux examens par un établissement à l’assiduité d’un élève. Introduire les modifications règlement aires nécessaires.
• Eviter de favoriser l’absentéisme : assurer le remplacement des enseignants absents ; simplifier les examens afin de ne pas perdre des semaines de scolarité, au moment du baccalauréat par exemple ; simplifier l’élaboration des emplois du temps des classes (multiplication des options, des demi-heures de cours, des petits groupes de travail sans moyens pour encadrer le reste des élèves) ; donner les moyens de la pédagogie et de l’accueil aux établissements.
• Eviter les classes ou les établissements ghettos, les filières d’exclusion et donc réaffirmer l’importance du maintien de la carte scolaire.
• Favoriser la présence des trois voies (générale, technologique, professionnelle dans les lycées), créer des classes ou des dispositifs passerelles, des dispositifs relais au sein de l’institution avec des personnels qui ont reçu une formation et sont des professionnels pour assurer l’encadrement.
• Donner les moyens d’individualiser les parcours pour les élèves qui ont des difficultés particulières.
Sur le plan éducatif et social
• Assurer le suivi médical, psychologique et social des élèves, ce qui signifie nommer des personnels en nombre suffisant dans les établissements
• Attribuer des fonds sociaux en quantité suffisante
La commission s’est prononcée sur les réponses possibles proposées dans le rapport de synthèse sur le sujet, étant entendu que sur un sujet aussi difficile à cerner la position syndicale peut évoluer.

Texte adopté par 114 pour, 62 abstentions, 4 contre et 4 refus de vote 

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