La commission pédagogie s’est réunie au Lycée Buffon. 47 personnes de 27 académies ont participé aux travaux de la commission. Elle a été présidée par Jean-Claude Haget, S.A. adjoint de l’académie de Bordeaux et animée par les membres de la commission pédagogie du bureau national : Claire Chauchard, Catherine Dauny, Catherine Petitot, Alain Vervaeke et Hélène Rabaté.
3 académies avaient envoyé des contributions et 2 avaient transmis des réflexions ou témoignages.

Echec scolaire

L’actualité montre combien les questions posées par la commission pédagogie sont primordiales, en particulier celle de l’échec scolaire grave et des sorties prématurées du système éducatif. L’académie de Rennes notamment a posé la question de « l’implication » du système éducatif dans les événements qui ont bouleversé les banlieues et les quartiers de certaines villes. Il a été affirmé clairement dans la commission que l’école n’était pas responsable de tous les problèmes de société, souvent même elle est la dernière institution présente dans les quartiers difficiles. Mais on ne peut éluder la responsabilité de notre système dans les problèmes d’échec scolaire, en particulier en ce qui concerne les sorties prématurées du système éducatif. Or l’échec scolaire est lié au phénomène d’exclusion sociale.
Quel EPLE pour prévenir les sorties prématurées du système éducatif ?
Un rapport récent des inspections générales de l’éducation nationale (IGEN et IGAENR) rappelle que le nombre de jeunes qui sortent chaque année sans qualification du système éducatif reste stable depuis 10 ans : 150 000 à 160 000 jeunes par an sortent sans qualification : tous ceux qui n’ont ni CAP, ni BEP, ni baccalauréat. Ces jeunes n’ont à l’issue d’un parcours scolaire souvent chaotique acquis ni qualification, ni diplôme. Pire, l’image de l’éducation, et même de toute formation est pour eux dégradée. Leur insertion professionnelle est compromise, leur insertion sociale est difficile.
Lutter contre cet échec est devenu un enjeu majeur pour notre système éducatif et pour notre organisation sociale. Mais toutes les réformes qui se sont succédé sont restées sans effets réels. Nous ne savons pas remédier à la grande difficulté scolaire, à peine savons nous la détecter en la stigmatisant, nous ne savons pas lutter contre l’abandon scolaire. Au collège, l’abandon de l’école est souvent dû à des difficultés familiales, au lycée on l’attribue plutôt à des problèmes d’orientation, mais il faudrait préciser davantage ce qu’on entend par là. Ce sont en fait les exigences de l’école qui ne sont ni comprises ni acceptées ; face à cette incompréhension de ses codes les plus essentiels le système ne sait pas s’adapter, il exclut ou constate l’auto exclusion.
Les récentes lois de cohésion sociale et d’orientation pour l’avenir de l’école posent certes le problème mais les réponses ou les propositions qu’elles apportent ne nous semblent pas à la mesure des enjeux.
Si on en croit la loi d’orientation, les décrets d’application et les déclarations du ministre de l’éducation nationale, l’avenir de l’école passe par l’option découverte professionnelle 3heures et/ou 6 heures qui constitue une innovation pédagogique majeure. Selon les situations, les établissements, cette option nous semble plus ou moins intéressante mais en aucun cas on n’imagine qu’elle pourra prévenir l’échec scolaire et encore moins lui apporter un remède.

Comment l’EPLE pourrait-il répondre à ce défi ?
Les problèmes sont différents selon les causes qui les ont engendrés.
Si les causes de l’échec sont extérieures au système éducatif et relèvent de problèmes de société (difficultés sociales, familiales….), une réponse au sein du système éducatif réside dans la nomination de personnels en quantité suffisante et suffisamment qualifiés, nous avons déjà voté de nombreuses motions en ce sens.
Les causes de l’échec peuvent provenir en grande partie du système éducatif lui-même. Nous avons déjà affirmé dans des motions de congrès ou de CSN la nécessité de faire évoluer l’évaluation des élèves, de remplacer l’évaluation qui ne constate que les insuffisances par une évaluation positive. Nous souhaitons que la définition à venir du socle commun permette ce type d’évaluation. Qu’il existe pour tous les diplômes une reconnaissance des acquis par certifications ou par unités capitalisables. Il est également nécessaire qu’existe entre les référentiels une plus grande cohérence afin de permettre à la fois une meilleure lisibilité, une plus grande mobilité et la possibilité pour un jeune d’infléchir son orientation ou son parcours professionnel. A ce niveau également une évaluation plus positive et mieux clarifiée permettrait probablement une auto évaluation constructive et une moindre démotivation.
Afin de lutter contre les sorties prématurées et sans qualification du système éducatif, plusieurs motions sont proposées, celles qui ont déjà été votées par les CSN et congrès, souvent à la quasi unanimité restent évidemment valables.

Motion 1 :
Toute personne vivant en France a droit à une formation qualifiante voire diplômante. Sa formation initiale doit être prolongée le plus longtemps possible ; si elle quitte le système éducatif avant d’obtenir un diplôme qualifiant, elle doit pouvoir revenir en formation dans le cadre de l’éducation et de la formation tout au long de la vie.
Vote du CSN : unanimité moins contre : 1 Abstentions : 5

La commission a réfléchi sur la question de l’orientation des élèves, mais il a été décidé qu’il n’était pas possible de voter sur une question qui n’a pas été discutée dans les académies. Au congrès de Dijon, il faudra revenir sur cette question de l’orientation, sur la mise en œuvre nécessaire de l’éducation à l’orientation, sur le rôle à jouer par les différents acteurs dans l’établissement et hors de l’établissement.
La question des moyens attribués aux établissements pour qu’ils puissent effectivement mettre en place des dispositifs efficaces a été abordée.

Motion 2 :
Le SNPDEN demande une nouvelle fois que les EPLE dans le cadre de leur autonomie et de leur projet d’établissement, puissent contractualiser les moyens nécessaires (3 enveloppes : structures, publics accueillis, projets) à la mise en place de dispositifs permettant de prendre en charge de façon individualisée tous les élèves et d’éviter ainsi les sorties prématurées du système éducatif.
Vote du CSN : unanimité moins 5 abstentions

Les dispositifs relais (classes et ateliers) ont pour objectif la prise en charge des élèves dont le comportement est perturbé et perturbateur. Pour lutter contre l’échec scolaire les réponses actuellement proposées se réduisent à deux : le doublement d’une classe, ou l’orientation vers la voie professionnelle ou l’apprentissage. Ces « solutions » ont largement montré leurs limites.

Motion 3 :
L’échec scolaire préfigure au delà des difficultés individuelles, l’exclusion sociale.
Pour lutter contre cet échec, il est impératif de réinstituer et de développer les modalités pédagogiques qui favorisent une prise en compte pluridisciplinaire et positive du travail de l’élève (dispositifs d’accueil, IDD, TPE, PPCP …). Il faut revoir en particulier les modalités de l’évaluation, et cesser de noter les élèves par rapport à des exigences que l’on sait impossibles à atteindre, au risque de leur faire perdre toute confiance et toutes références. Les moyens nécessaires doivent être attribués pluri annuellement et la formation initiale et continue des enseignants doit être infléchie rapidement en ce sens.
Vote du CSN : unanimité moins 5 abstentions

L’accueil et l’intégration des jeunes handicapés : la loi du 11 février 2005

Le SNPDEN ne peut que saluer les avancées apportées par la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (« loi sur le handicap »). Le texte doit entrer en application au 1er janvier 2006, il suscite un énorme espoir dans les familles mais peu de mesures concrètes sont mises en place ou annoncées. Cette loi, en effet, a été mal préparée et les conséquences humaines peuvent être dramatiques. D’autre part, les établissements scolaires sont souvent mis en difficulté.
La loi affirme pour chaque enfant le droit d’être inscrit dans l’établissement de son quartier qui devient son établissement « de référence » mais ne le scolarise pas nécessairement, du moins pas en permanence si une autre structure s’avère mieux adaptée. Les deux filières, enseignement pour le plus grand nombre et enseignement spécialisé sont donc amenées à travailler ensemble beaucoup plus qu’elles ne le font aujourd’hui. Les enfants et les jeunes ayant des handicaps légers rejoindront les établissements scolaires de proximité alors que les IME recevront probablement des handicapés plus lourdement touchés, parfois pratiquement non scolarisés aujourd’hui. L’institution doit donc apprendre à s’adapter à l’individu, les familles seront aidées, un « projet personnalisé de scolarisation » sera défini.
En 2004-2005, 134 000 jeunes étaient scolarisés avec des jeunes sans handicap ou dans des classes spéciales (UPI dans les collèges par exemple), 117000 jeunes handicapés étaient accueillis dans un établissement médico-social (dont un quart sans enseignant selon la lettre de l’éducation). On admet que de 6 à 18000 jeunes restaient chez leurs parents. La loi permettra, si elle est appliquée, c’est-à-dire si elle devient applicable, une nette évolution de ces chiffres.
Tout cela est bel et bon et la France rejoint la démarche d’autres pays européens, très en avance dans ce domaine, notamment la Suède et l’Italie. Mais de nombreux problèmes restent non résolus : l’organisation administrative et médicale du suivi du jeune, les modalités de concertation entre les différents acteurs la transformation des bâtiments scolaires, la nomination de personnels (AVS ou autres) en quantité suffisante et surtout la formation de tous les acteurs…

Motion 4:
Le SNPDEN demande que toutes les mesures soient prises pour permettre l’application réelle de la loi du 11 février 2005 sur « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ».
Une information exhaustive sur les jeunes susceptibles d’être inscrits dans un établissement scolaire doit être transmise suffisamment tôt à tous les partenaires impliqués (transporteurs, collectivité territoriale, équipe de l’EPLE et services médico-sociaux extérieurs…) afin que l’accueil se déroule dans les meilleures conditions possibles.
Les personnels supplémentaires compétents doivent être nommés dès l’affectation de l’élève.
Les équipes médico-sociales doivent impérativement être complètes dans les EPLE.
Des moyens en heures de réunion seront nécessaires pour assurer la concertation entre les équipes pédagogiques, éducatives et médico-sociales internes et externes.
La formation des équipes pluridisciplinaires (y compris AVSi et AVSco) devra être mise en place tant au niveau académique qu’au niveau national (2CASH).
Lors de la formation initiale en IUFM un module de sensibilisation à l’accueil de l’élève handicapé devra être intégré
Vote du CSN : unanimité moins 3 abstentions

Articulation collège / lycée / enseignement supérieur : comment assurer la fluidité des parcours

Les paliers d’orientation et les changements de type d’établissement constituent des étapes cruciales dans un cursus scolaire puis universitaire ou professionnel. Ils sont aussi des moments de tous les dangers. Afin de faciliter les parcours, de permettre une maturation plus grande du projet scolaire ou professionnel, deux motions sont proposées. Notre syndicat a réaffirmé lors de nombreux congrès et CSN son attachement au collège unique, collège pour tous. Cela n’exclut pas la prise en compte des difficultés énormes rencontrées par certains élèves ; au sein du collège, elles peuvent être traitées par un certain nombre de dispositifs qui incluent l’alternance sous statut scolaire.

Motion 5 :
Le SNPDEN réaffirme que tout jeune doit faire une scolarité complète jusqu’à la fin de la classe de troisième avec pour objectif incontournable l’acquisition du socle commun. Il s’oppose en conséquence à l’entrée en apprentissage dès 14 ans.
Il est en revanche indispensable de maintenir au sein du collège la possibilité de mettre en place des dispositifs individualisés, suivis par une équipe d’enseignants, acceptés par les élèves concernés et leurs parents. (3ème d’insertion ou autres dispositifs, sans effet de structure)
Vote du CSN : contre 2 abstentions 47 pour 86

Motion 6 :
Pour prévenir les sorties définitives du système éducatif, tout jeune qui quitte le lycée d’enseignement général, technologique ou professionnel en cours de formation ou sans diplôme doit recevoir en application des textes réglementaires et avec les moyens afférents une proposition de formation. S’il s’agit d’un contrat d’apprentissage il doit pouvoir être signé facilement et sans obstacles à tout moment de l’année scolaire comme le permet le code du travail (article L117-13, article R117-8). La diminution du nombre de contrats rompus doit devenir un objectif pris en compte dans l’évaluation du système de formation.
Vote du CSN : unanimité moins 4 contre 19 abstentions

Plusieurs motions votées à différentes reprises ont été rappelées : la nécessité que les services des enseignants puissent être partagés entre la formation initiale, la formation par apprentissage et la formation continue, le fait que les bacheliers professionnels qui entrent en BTS puissent bénéficier d’un dispositif adapté (même s’ils ont eu une mention bien ou très bien au bac pro). Il a été précisé une nouvelle fois qu’en aucun cas il ne s’agit d’une année de mise à niveau.
Pour rendre plus aisée l’élaboration d’un projet d’orientation et de formation et pour faciliter les passerelles il conviendra de réfléchir au point suivant : la seconde professionnelle (première année de BEP) ne devrait-elle pas devenir une seconde professionnelle de détermination, qu’elle conduise au bac pro en 2 ans (bac pro en 3 ans au total) ou en 3 ans (avec validation du BEP) ? Au-delà une réflexion pourrait s’engager sur l’organisation du lycée et en particulier de la classe de seconde en prévision du congrès de Dijon.

Les classes de l’enseignement supérieur dans les lycées

Le SNPDEN a rappelé son attachement à l’implantation des classes de l’enseignement supérieur dans les lycées (BTS et CPGE). Ces classes doivent trouver leur place dans le dispositif LMD et leurs étudiants être crédités d’ECTS correspondant à leurs études.
La commission enseignement supérieur du SNPDEN continue son travail au sein de la commission éducation et pédagogie. Une réunion a eu lieu vendredi 7 octobre au lycée Saint Louis à Paris.
– Procédure informatisée d’admission en CGE :
La procédure informatisée de gestion des admissions en CPGE a atteint l’effet attendu de transparence, les classes semblent remplies de façon satisfaisante et les candidats se répartissent entre les différentes voies. Il avait été avancé l’année dernière que 500 lycées n’avaient pas participé à la procédure, ce chiffre s’avère inexact, il s’agit d’établissements qui ne disposent pas de filières susceptibles de proposer des candidats en CPGE.
La procédure sera donc reconduite pour 2005-2006 avec un calendrier voisin de celui de 2004-2005 mais avec un dernier appel fin juin. Une gestion plus souple des listes d’attente sera possible indépendamment de la liste complémentaire.
– Comité de lutte contre le bizutage :
Le SNPDEN est représenté dans le groupe de réflexion réuni par le Ministère contre le bizutage. Nous répétons à chaque réunion notre engagement résolu pour que cessent les pratiques de bizutage, sous quelque nom qu’elles s’affichent.
– Comité de suivi de la licence
Le comité poursuit ses travaux cette année et se préoccupe des conséquences induites par l’introduction du parcours LMD. Les parcours de l’enseignement supérieur sont devenus plus complexes encore et moins lisibles pour les étudiants, la concurrence entre universités risque de s’exacerber.
– Validation des parcours, attribution de crédits ECTS
Le SNPDEN déplore que chaque lycée soit obligé de négocier des conventions au coup par coup, université par université, pour faire valider les études des élèves dans les classes de l’enseignement supérieur dans les lycées (BTS et CPGE) par l’attribution de crédits ECTS. L’expérience prouve que de nombreuses dérives sont apparues : les crédits attribués à des étudiants qui ont redoublé leur deuxième année de CPGE peuvent ainsi varier de O à 180…Le SNPDEN demande à nouveau qu’un cadrage national soit fixé, que soit défini le nombre de crédits auquel chaque formation peut donner droit, étant entendu qu’une commission pilotée par l’université attribue ensuite individuellement les crédits en fonction du dossier de chaque étudiant : les dernières informations que nous avons obtenues du Ministère, semblent aller dans ce sens.

A l’heure actuelle le dispositif destiné à faciliter la mobilité des étudiants au sein de l’Europe non seulement ne répond pas à l’objectif fixé, mais va même à son encontre puisqu’il y a dissémination des formations, illisibilité, et pour les CPGE et BTS, rattachement obligatoire au système très spécifique d’une université voire d’une UFR.

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