J-35 avant la journée internationale des droits des femmes
Publication du 5ème rapport annuel sur l’état du sexisme en France : des constats alarmants !
« Le sexisme, on ne sait pas toujours comment ça commence, mais on sait comment ça se termine » (slogan du HCE)
Les rapports et synthèses assortis des derniers éléments statistiques fleurissent en cette période et alimentent les débats.
Ainsi, le 5ème rapport annuel sur l’état du sexisme en France vient de paraître. Édité tous les ans par le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) entre les Femmes et les Hommes, il vient d’être remis, le 25 janvier au Président Macron en personne – symbole de l’importance de cette question – mais aussi à Elisabeth Borne, Première ministre, ainsi qu’à Isabelle Lonvis-Rome, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances.
Un peu d’histoire…
Le 1er état des lieux sur le sexisme est paru le 17 janvier 2019. La loi relative à l’égalité et la citoyenneté du 27 janvier 2017 a, à l’époque, confié au haut conseil à l’Égalité la mission d’élaborer et de remettre un état des lieux tous les ans au 1er ministre. Si l’on peut se réjouir de cette belle initiative, on soulignera cependant qu’un état des lieux du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie est réalisé chaque année depuis… 28 ans. Le sexisme n’est pourtant pas un phénomène nouveau.
Sexisme, de quoi parle-t-on ?
La définition du HCE est la suivante : le sexisme est une idéologie qui repose sur le postulat de l’infériorité des femmes par rapport aux hommes, d’une part et, d’autre part, est un ensemble de manifestations des plus anodines en apparence (remarques, …) aux plus graves (viols, meurtres, …). Ces manifestations ont pour objet de délégitimer, stigmatiser, humilier ou violenter les femmes et ont des effets sur elles (estime de soi, santé psychique et physique et modification des comportements).
- La page du HCE : ICI
2023, quelles évolutions ?
Le HCE, présidé depuis janvier 2022 par Sylvie Pierre-Brossolette, est une instance consultative indépendante chargée de lutter contre le sexisme et les violences de genre, elle est également chargée de promouvoir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Afin de jauger la perception de l’opinion publique sur ces question, un sondage a été réalisé autour des quatre thématiques suivantes :
- les perceptions de l’opinion face aux inégalités,
- l’évaluation du degré de sexisme de la population,
- l’adhésion aux outils existants de lutte contre le sexisme,
- les situations vécues par les femmes.
Que ressort-il de ce sondage ? Eh bien, malheureusement, 5 ans après #MeeToo, rien ne change ! Pire ! Les choses s’aggravent et les faits sont alarmants !
Le nombre et la gravité des actes sexistes augmentent dans des proportions inquiétantes dans tous les espaces : publics, privés, numériques. Un exemple, entre 2020 et 2021, le ministère de l’Intérieur note une augmentation de + 21 % du nombre de victimes de violences conjugales !
L’opinion reconnait l’existence du sexisme et la déplore mais, en pratique, elle ne le rejette pas. Il existe un fort décalage entre perceptions, déclarations et pratiques.
Enfin, le rapport pointe un manque de confiance flagrant de la part des personnes interrogées à l’égard des pouvoirs publics, pointant ainsi l’insuffisance des politiques publiques dans la lutte contre le sexisme et l’inefficacité des outils proposés.
Ce constat national s’inscrit dans un contexte international de recul des droits fondamentaux des femmes. Quelques noms de pays, lors des mois écoulés, résonnent cruellement : Iran, Afghanistan, Etats-Unis, Pologne, Hongrie, Italie, etc.
Le phénomène de “Backlash”, qui se répand, apparaît dès lors comme une réponse hostile à cette émancipation féminine, il traduit la crainte éprouvée par certains hommes face à cette évolution sociétale dont #MeToo a été l’accélérateur. D’ailleurs, Le rapport pointe que 33 % des hommes interrogés pensent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société ; 29 % des hommes estiment qu’ils sont en train de perdre leur pouvoir.
Les femmes, dans ce contexte de “revanche des hommes”, en sont surtout à mettre en œuvre au quotidien des renoncements pour éviter des situations à risque ! Ainsi, dans leur parcours professionnel, 35 % des femmes actives révèlent qu’elles n’ont pas osé demander d‘augmentation ou de promotion (et c’est presque 1 femme sur 2 pour les PCS les plus défavorisées !). De la même façon, l’enquête révèle que 15 % des femmes ont déjà redouté, voire renoncé, à s’orienter dans des filières ou des métiers scientifiques majoritairement composés d’hommes, essentiellement par peur du harcèlement, et par crainte de ne pas s’y sentir à l’aise.
Ce rapport, on le voit, est à lire, à faire lire, à faire connaître et à intégrer pour de nouvelles pratiques, de toute urgence !
Quelle sera la volonté politique de faire avancer réellement ce dossier ? Quel combat peut être mené contre la pensée masculiniste chez les 25-34 ans ? Comment réduire l’accès à la pornographie chez les plus jeunes ? Des questions, parmi d’autres, et des éléments de réponses dans ce document édifiant.
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