Rien ne vient de rien ! [Lettre de Direction du 1er juillet 2025]

Publié le par François RESNAIS − Mis à jour le

« Nothing will come of nothing. » Shakespeare, Le Roi Lear

Alors que cette année scolaire s’achève, l’adage shakespearien résonne étrangement dans nos établissements. « Rien ne vient de rien » – et nous y sommes ! Les ressources s’amenuisent à vue d’œil : HSE désormais introuvables, pactes figés ou non reconduits, crédits NEFLE depuis longtemps évaporés, pass Culture en apnée depuis des mois…

➡️ Tous les espaces d’autonomie de nos EPLE semblent désormais absorbés dans un vortex budgétaire grandissant.

Nous voilà sommés de « finir l’année » sans moyens, avec des injonctions inchangées, et souvent même très alourdies. Et pourtant, nous devons tenter de nous projeter et penser la rentrée 2025. Une rentrée avec moins de marges, moins de projets, moins d’autonomie… et toujours plus de prescriptions.
Avons-nous encore les leviers pour piloter ? Peut-on parler pédagogie quand les dotations budgétaires deviennent invisibles ? Quand les groupes de besoins sont maintenus par défaut, faute de soutien humain et financier, et contre l’expertise de l’Inspection Générale ? Quand l’autonomie de l’EPLE ne signifie plus que bricolage de dernière minute ?

Déjà, en novembre 2024, nous pointions l’insoluble équation des personnels de direction et de l’École dans son ensemble : quand l’efficience se teinte de débrouillardise, qu’elle se mue en bricolage et qu’elle devient espoir magique…

➡️ Bref : quand il n’y a plus rien, reste-t-il encore quelque chose ?

Les événements profondément dramatiques qui touchent l’École depuis plusieurs semaines, à Nantes, à Nogent et dans de nombreux départements, font émerger les problématiques de la santé mentale de nos élèves, des moyens de la sécurisation et des enjeux de l’éducation dans les familles.
Le pilotage stratégique, la sérénité, les projets pérennes, l’anticipation : tout cela ne peut être décrété. 
Cela s’organise, cela se finance. Rien ne vient de rien.

En cette fin d’année, nos établissements ressemblent à ces paysages après l’orage : tout semble intact, mais les réserves sont épuisées. Si l’État souhaite encore faire vivre son École républicaine, il est urgent de cesser de pilonner les structures et de croire en la vertu réparatrice du « coup de peinture ». Ripoliner n’est pas refonder ! Il est temps de réinvestir — non seulement en crédits, mais en confiance et en autonomie.

Car non, tout ne peut pas reposer sur la seule bonne volonté des personnels de direction, dont l’engagement, s’il est constant, n’est pas extensible à l’infini.

Sans médecins scolaires, sans infirmiers et infirmières en nombre suffisant, sans PsyEN, sans formation des enseignants, en comptant sur les bonnes volontés et un « bon sens » qui ressemble beaucoup plus à une incantation qu’à une réelle compétence, l’émoi restera sans suite. En prenant un peu de hauteur, c’est la cruauté d’un environnement social et citoyen qui ne peut que favoriser l’incertitude et le pessimisme, quand ce n’est pas la désillusion qui fragilise des générations futures, nous promettant des heures bien tristes.

➡️ Au SNPDEN-UNSA, nous ne nous satisfaisons pas d’une telle situation : les perspectives éducatives ne se soumettent pas au prisme unique de la réduction budgétaire.

Nous portons des valeurs, des mandats et une expertise pour l’École à l’occasion de toutes les très nombreuses rencontres que nous sollicitons et que nous effectuons. Nous proposons inlassablement, nous faisons valoir sans nous décourager, car les enjeux sont beaucoup trop importants pour perdre espoir, volonté et détermination.

Et nous militons pour des moyens pérennes en faveur de l’École car « rien ne vient de rien » !

Pour le SNPDEN-UNSA,
Bruno BOBKIEWICZ
Secrétaire général

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