L’École traverse aujourd’hui une période où l’incertitude n’est plus un phénomène conjoncturel : elle est devenue un état permanent. L’instabilité politique que connaît notre pays depuis plusieurs mois touche de plein fouet l’institution scolaire, déjà fragilisée par des années de réformes inachevées, de priorités mouvantes et d’annonces successives rarement suivies des moyens nécessaires. Celles et ceux qui dirigent, accompagnent, et pilotent les établissements perçoivent chaque jour les effets très concrets de cette fragilité démocratique sur la vie des équipes et sur la qualité du service public d’éducation.
Le contexte national, marqué par l’absence de cap politique partagé, entraîne une imprévisibilité préoccupante dans les orientations éducatives. Les programmes, les priorités pédagogiques, la formation continue, la place du numérique, l’inclusion : tout semble susceptible d’être redéfini, réajusté, suspendu ou réorienté au gré des équilibres parlementaires. Cette instabilité génère une perte de repères majeure pour les personnels comme pour les familles. Elle alimente le doute, ralentit les initiatives locales, bloque des projets solides et décourage les équipes qui peinent à anticiper et à se projeter.
À cette volatilité politique s’ajoute une pression budgétaire croissante. Les moyens alloués aux établissements évoluent dans un contexte de contraintes financières fortes, tant au niveau national que local. Les dotations horaires globales, les postes administratifs, les moyens de vie scolaire, les crédits pédagogiques : tout est négocié, ajusté ou arbitré, dans un environnement où la maîtrise de la dépense publique prime souvent sur les besoins réels du terrain. Pire encore, la gestion de ces dotations, pourtant allouées officiellement, évolue en cours d’année, renforçant le sentiment d’un environnement professionnel non sécurisé. Cette situation accroît l’inquiétude des personnels de direction, sommés d’assurer la continuité et la qualité du service sans disposer toujours des ressources suffisantes.
Le paradoxe est là : les collèges et les lycées doivent répondre à des attentes toujours plus élevées — transformation pédagogique, inclusion, accompagnement renforcé des élèves, sécurisation des établissements, transition écologique — alors même que les marges de manœuvre s’amenuisent. Les personnels de direction assument, avec professionnalisme et loyauté, une responsabilité immense, mais ils ne peuvent indéfiniment pallier, par leur engagement, la fragilité des décisions nationales et l’incertitude des moyens.
C’est pourquoi le SNPDEN-UNSA porte une exigence forte : l’École, ses personnels et ses missions doivent être sanctuarisés. La stabilité des orientations, la clarté du pilotage et la prévisibilité budgétaire ne sont pas des options ; ce sont des conditions essentielles pour garantir à la fois l’efficacité des établissements et la confiance de celles et ceux qui les dirigent.
Dans cette période traversée d’inquiétudes légitimes, notre organisation syndicale demeure un repère solide. Nous continuerons de rappeler, fermement et sans ambiguïté, que les personnels de direction — véritables pivots du service public d’éducation — ne doivent pas subir l’instabilité du moment, mais être protégés des aléas politiques qui compromettent leur action. C’est dans la lucidité, la vigilance collective et la défense exigeante de notre métier que nous préserverons ce qui fonde la force du service public d’éducation.
À quelques heures des congés de fin d’année, je vous souhaite, au nom de notre organisation et à titre personnel, de très belles fêtes de fin d’année, du repos, des moments de chaleur humaine, d’espoir et de réconfort.
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