Laïcité : la loi a 20 ans !

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Dans un contexte d’augmentation des atteintes à la laïcité avec, selon la Ministre, « environ 3000 atteintes », c’est une loi désormais emblématique de l’École de la République que nous célébrons.
À l’occasion de cet anniversaire, nous avons adressé une lettre de direction à nos adhérents, reprenant à la fois la genèse de cette loi et les perspectives qui s’ouvrent devant les citoyens en général et devant les perdirs en particulier. La voici ci-dessous.

➡️ Aux origines de cette loi
En 1989, à Creil, les premiers cas de jeunes filles qui refusent de retirer leur voile à l’entrée de leur collège apparaissent. Face à l’augmentation graduelle des atteintes à la laïcité par le port de signes religieux, il aura fallu 15 années de polémiques, de débats et de déchirements pour aboutir à la rédaction de la loi du 15 mars 2004(1).
Cette loi consensuelle a permis de réinstaurer un climat apaisé dans les établissements scolaires, par le choix d’une formulation subtile, désignant les « signes religieux ostensibles » et laissant ainsi la possibilité de porter des « signes discrets ».

L’engagement indéfectible du SNPDEN-UNSA
Le SNPDEN-UNSA a joué un rôle décisif dans le travail d’élaboration de cette loi, prenant ainsi sa part entière et sa responsabilité dans cette étape historique pour les valeurs de la République. Philippe Guittet, alors secrétaire général, a très largement participé aux débats qui ont contribué à la rédaction de ce texte, en rappelant l’attachement viscéral de notre organisation syndicale à l’École laïque et républicaine, dans l’esprit des Lumières et de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905(2) .
Le SNPDEN a toujours défendu une École qui garantisse tout à la fois la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire, et une éducation qui permette l’acquisition des savoirs et des connaissances sans être sous le joug de doxas, de doctrines ou du dogmatisme de quelconques « chapelles ».

➡️ 20 ans après : quelle situation ?
Des faits :
– deux drames, deux terribles assassinats, dans les pires conditions de barbarie, parce qu’ils étaient enseignants et représentaient la République et ses valeurs : en 2020, Samuel PATY, professeur d’histoire -géographie et en 2023, Dominique BERNARD, professeur de Lettres ;
– l’apparition de nouveaux signes ostensibles manifestant une appartenance religieuse, des contestations de contenus d’enseignement et l’évitement de certains cours.

Ces constats ont amené le SNPDEN-UNSA, désormais doté depuis 2022 d’un Observatoire de la laïcité, à conduire une enquête nationale pour dresser un état des lieux objectif, au plus près du terrain. Cette enquête a été massivement relayée par les médias.
Durant l’année scolaire 2021-2022, les chefs d’établissement ont été dangereusement exposés sous le ministère NDIAYE, en raison d’un flottement politique et d’une absence de positionnement clair quant à la nature de certains vêtements. Nous avons été les arbitres de la laïcité aux portes de nos établissements et dans cette situation intenable, c’est bien l’action du SNPDEN-UNSA qui a conduit Gabriel ATTAL à trancher définitivement, à la rentrée scolaire 2023, en faveur du caractère religieux « par destination » de certaines tenues vestimentaires.

➡️ 20 ans après : quelles vigilances ?

Nous devons désormais, au quotidien, et inlassablement :

  • lutter contre la tentation fantasmée chez les lycéens et certains enseignants d’un modèle de « laïcité à l’anglo-saxonne » dont il faut rappeler qu’elle n’existe pas conceptuellement et concerne des pays non laïcs ;
  • contrer l’utilisation massive des réseaux sociaux comme chambre d’écho pour certaines idéologies politico-religieuses et comme véhicule de « fake news » afin de défier la République et mettre à mal ses valeurs ;
  • combattre l’autocensure chez les enseignants par crainte du conflit en classe et par crainte de représailles ;
  • veiller à ce que la formation de TOUS les personnels exerçant à l’École soit quantitativement et qualitativement à la hauteur des ambitions et des enjeux républicains affichés.

20 ans après, l’École doit rester le lieu de la formation de Républicains par des Républicains, formés et convaincus des valeurs qui les animent.

(1) : Loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.
(2) : Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État.

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